
Durant toute sa vie, Berlioz s’est évadé en imagination, rêvant « de longues heures devant les mappemondes, étudiant avec acharnement le tissu complexe que forment les îles, caps et détroits de la mer du Sud et de l’archipel Indien ; réfléchissant sur la création de ces terres lointaines, sur leur végétation, leurs habitants, leur climat », se passionnant « pour les voyages et les aventures », d’abord celles de l’Antiquité racontées par Virgile, plus tard celles, souvent tragiques, des personnages de Shakespeare, mais entretemps, aussi, celles encore célèbres aujourd’hui de héros populaires tels Robin des Bois et Le dernier des Mohicans !
En musique aussi, Berlioz a rêvé de « mille horizons musicaux étranges et grandioses » avant de devenir un familier des salles de concerts, un amateur fervent d’opéras, et un admirateur de compositeurs, passés ou contemporains. Berlioz n’est pas seulement un critique drôle ou féroce mais il est avant tout un amoureux de la musique, intéressé par ses pairs, friand de nouveautés, soucieux de trouver le meilleur et heureux d’en être étonné. Le chef d’orchestre qu’il était a dirigé Beethoven, Gluck, Weber et Spontini, qu’il adorait, mais aussi, on s’y attend moins, Mendelssohn, Rossini, Mozart et tant d’autres !
Pour rêver avec lui, malgré tout, plus que jamais, nous avons voulu une programmation généreuse et ouverte, voyageant en musique de Londres à Moscou, comme Berlioz l’a fait, et embrassant le monde, d’Amérique en Asie en passant par l’Afrique, pour y trouver « des milliers de sublimités » (comme il le disait des Orientales de Victor Hugo). Ainsi, parmi les nombreux rendez-vous proposés, nous fêterons les Méditerranées musicales, nous irons jusqu’au Nouveau Monde, nous ouvrirons l’Abrégé des merveilles de Marco Polo, nous ferons le Voyage d’hiver en été et nous virons des Nuits d’été depuis des îles inconnues, nous suivrons les bergers de Rameau à Ravel, nous nous élèverons Des Canyons aux étoiles, nous porterons l’ardente flamme et nous étonnerons de raretés, nous chanterons la vie, La Marseillaise et l’Hymne à la joie, nous dirons la liberté avec Verdi, Hugo et Rigoletto, nous souhaiterons la paix d’Allemagne en Russie en passant par La Grande porte de Kiev avec Wagner et Moussorgski, nous rêverons du Concert des Nations, nous célèbrerons la fraternité avec La Flûte enchantée, nous boirons à l’amour et d’autres noces encore avec Beatrice et Benedict, et nous terminerons, rassasiés d’espoir et forts de tout ce que nous donne l’art, dans les rêveries et passions de La Symphonie fantastique.
Au bonheur de vous retrouver à La Côte-Saint-André !
Bruno Messina
Directeur du Festival Berlioz